Cher(e) ami(e) de la Santé,
J’avoue : sur ce coup-là, j’ai raté quelque chose.
Certes, sur l’ensemble de l’épidémie Covid, j’ai beaucoup de motifs de fierté.
À peu près avant tout le monde, je vous ai parlé de l’hypothèse de la fuite de laboratoire[1] – amplement confirmée aujourd’hui[2].
Surtout, je vous ai recommandé les principaux remèdes clés dès les premières semaines de l’épidémie : vitamine D, vitamine C[3] et zinc[4] notamment. Et je vous ai aussi fortement invité à éviter le paracétamol[5], qui aggrave la situation (c’est confirmé[6]).
Mais il y a tout de même un remède préventif et curatif dont j’ai trop tardé à vous parler.
Ce n’est qu’un an après, en février 2021, que je vous ai écrit ceci :
« De plus en plus d’études montrent aussi l’excellente efficacité d’un spray nasal et des bains de bouche dès le début de l’infection, pour détruire le virus avant qu’il ne fasse de gros dégâts[7]. »
Mon erreur est d’avoir attendu que des études confirment l’intérêt de ces deux gestes sur le Covid-19.
Quand une pratique est efficace contre les virus respiratoires, il y a toutes les raisons de penser qu’elle sera aussi active contre un coronavirus, fût-il nouveau comme le Sars-Cov-2.
C’est le cas des gargarismes (bains de bouche) – j’y reviendrai dans une autre lettre.
Mais c’est aussi et surtout le cas de ce geste-là :

Les scientifiques parlent d’irrigation nasale à l’eau salée. C’est une technique ayurvédique, pratiquée en Inde depuis des centaines d’années.
On trouve facilement cet objet rouge en pharmacie (« rhino-horn j» ou « lota ») ou l’équivalent, en céramique, sur Internet (chercher « neti pot »).
C’est simple et efficace – je pratique moi-même cette irrigation tous les soirs pendant la saison hivernale.
Tout ce dont vous avez besoin, c’est de l’eau tiède et du sel.
Idéalement, il faut choisir de l’eau filtrée, distillée ou bouillie (pour éviter les cas rarissimes de bactéries dangereuses qui peuvent remonter au cerveau via le nez[8]).
J’utilise par ailleurs du sel « haut de gamme » car les sels de table standards peuvent contenir des métaux lourds.
Vous pouvez choisir vous-même la quantité de sel que vous mettez dans votre rhino-horn ou votre neti pot :
- Soit une seule cuillère-mesure (vendue avec) – vous avez alors une solution « isotonique », qui correspond au sérum physiologique (0,9 % de sel ou 9 grammes de sel par litre d’eau) ;
- Soit deux ou trois cuillères-mesure – ce qui vous donne une solution « hypertonique » (2 ou 3 %).
Les solutions plus salées (hypertoniques) sont probablement un peu plus efficaces, mais elles sont parfois un peu moins bien tolérées – donc c’est à vous de décider.
En tout cas, face à n’importe quel virus respiratoire, l’irrigation nasale est une excellente technique pour réduire son risque :
- d’être infecté ;
- de contaminer les autres ;
- et, une fois infecté, d’avoir des complications.
Comme on le verra, tout cela a été parfaitement démontré sur le Covid-19, comme en attestent les nombreuses études publiées entre 2020 et 2025.
Mais dès le début de la pandémie, en février 2020, on avait déjà tous les éléments pour savoir que c’était un geste précieux, pour ne pas dire indispensable.
Un pic, un cap, une péninsule ? Grand ou petit, voici ce qui se trame dans votre nez
Rappelons que le nez est la porte d’entrée « royale » de la plupart des virus respiratoires.
C’est aussi la porte d’entrée de tout un tas d’impuretés (poussières, fumées, toxines) qu’il est important de filtrer.
C’est pour ça que le nez est particulièrement bien armé contre tous ces « indésirables ».
Son bouclier principal n’est pas les poils, qui ne retiennent que les grosses particules.
Son arme maîtresse, c’est la couche de mucus qui recouvre tout le conduit nasal.
C’est bien le mucus qui nous protège le mieux contre les infections.
Parce qu’il est visqueux, le mucus commence par piéger les virus.
Mais il ne se contente pas de jouer un rôle « d’attrape-mouche » : il contient aussi plusieurs molécules qui permettent de détruire les microbes (peptides, anticorps IgA, enzymes…).
Imaginez vos virus piégés dans un gel visqueux, puis attaqués par des molécules visant à les neutraliser.
Problème : s’ils se retrouvent en surnombre, les virus peuvent tout de même réussir à traverser la couche de mucus et venir pénétrer les cellules qui recouvrent votre nez.
Pour éviter cela, il est donc essentiel d’évacuer rapidement le mucus contaminé.
Heureusement, la nature a prévu pour cela un mini « tapis-roulant ».
Notre nez est tapissé de cils microscopiques qui battent la mesure à une vitesse étonnante (10 battements par seconde !).
Grâce à cette activité frénétique, nos micro-cils font remonter le mucus « usagé » vers l’arrière du nez et la gorge. Il est ensuite avalé (et détruit par l’acidité de l’estomac) ou bien expectoré (on se mouche ou on crache).
Donc, pour bien se protéger contre les infections respiratoires, il est essentiel d’avoir un mucus nasal de bonne qualité et des cils en bon état de fonctionnement.
Et c’est la raison pour laquelle un air trop sec rend plus vulnérable aux infections !
Si votre mucus nasal est déshydraté, il devient trop visqueux et ne peut plus aussi facilement être expulsé par le battement des cils.
Ne cherchez pas plus loin la raison pour laquelle on a tendance à tomber malade dans de l’air « climatisé »[9] ou dans des intérieurs asséchés l’hiver par le chauffage.
Notez que le tabac et la pollution aussi ont tendance à assécher la muqueuse nasale et à endommager les cils, ce qui réduit leur capacité à évacuer le mucus infecté.
Tout ceci montre l’importance d’avoir un mucus nasal bien hydraté pour se protéger des infections.
À titre personnel, l’air de mon appartement étant particulièrement sec l’hiver, j’ai acheté des humidificateurs d’air que je lance la nuit dans les chambres (j’essaie d’atteindre 40 % d’humidité au moins). On peut aussi placer une coupelle d’eau à proximité des radiateurs.
L’eau salée hydrate parfaitement le mucus – et fait bien plus encore
Mais savez-vous ce qui hydrate particulièrement bien les muqueuses nasales ? L’eau salée !
Ce n’est pas seulement l’eau qui agit… mais aussi et surtout le sel lui-même.
Car le sel, comme on le sait, « retient l’eau », et permet donc de maintenir le mucus hydraté dans la durée.
En plus, les ions du sel sont capables de fluidifier le mucus, en réduisant sa viscosité.
Le chlorure et le sodium contenus dans le sel s’accordent ainsi pour maintenir un mucus optimal : suffisamment visqueux pour piéger les microbes, mais suffisamment fluide pour être rapidement évacué.
L’irrigation nasale a aussi un effet purement mécanique.
C’est peu comme se laver les dents. En se lavant le nez, on nettoie les débris logés dans la cavité nasale (allergènes, poussières, polluants ou microbes). Ils causent une inflammation locale qui affaiblit notre capacité à neutraliser les pathogènes.
Le nettoyage mécanique facilite aussi le travail des micro-cils qui ont soudainement moins de mucus épais à « remonter ».
Enfin, les propriétés du sel permettent aux cils d’augmenter la fréquence de leur battement[10], ce qui a des effets positifs dans la durée et pas seulement au moment du nettoyage.
Au total, en permettant à votre mucus d’évacuer plus rapidement le mucus contaminé, vous réduisez votre risque d’être infecté – et, si vous l’êtes déjà, vous réduisez votre « charge virale ».
Pour couronner le tout, il apparaît que le sel a aussi des effets antiviraux proprement dits.
Plusieurs mécanismes sont envisagés[11], mais des chercheurs ont récemment découvert que nos cellules immunitaires utilisent les ions du sel pour former une substance particulièrement efficace pour lutter contre les virus[12].
Et pour cause, il s’agit de l’acide hypochloreux, qui n’est autre que la forme naturelle de l’eau de javel (sans son agressivité) !
Bref, tous les mécanismes de l’irrigation saline convergent vers un effet majeur : vous avez nettement moins de virus dans le nez et la gorge. Et vous allez voir pourquoi c’est si important.
Protégez-vous des bronchites ou pneumonies et évitez de contaminer les autres
En cas de grippe ou de rhume, tout le monde redoute que le virus descende dans les poumons. Mais savez-vous comment les virus peuvent « tomber sur les bronches » ?
Physiologiquement, il n’y a que deux grandes possibilités.
Soit vous inhalez des particules virales qui dépassent les capacités de défense de votre nez et de vos bronches (raison pour laquelle je déconseille de porter un masque quand on est malade : on risque de respirer ses propres particules infectées).
Soit – et c’est le principal mécanisme reconnu par le corps médical – vous « avalez » les virus par micro-aspiration.
La « micro-aspiration » est le passage involontaire de petites quantités de liquide contaminé (salive, mucus) du nez et de la gorge vers les poumons.
C’est une sorte de « fausse route », plus subtile et pernicieuse, qui se produit généralement pendant le sommeil.
Une petite quantité de salive ou de mucus se glisse dans la trachée et peut risquer de causer des bronchites, pneumonies ou autres « formes graves » (d’où la sagesse populaire conseillant de dormir la tête légèrement surélevée).
Vous avez là une excellente raison de pratiquer l’irrigation nasale (et des gargarismes) le soir au coucher, tout particulièrement quand vous avez déjà des symptômes d’infection. En nettoyant votre nez et votre gorge, vous réduisez le risque que l’infection descende plus bas !
Cerise sur le gâteau : des chercheurs ont montré que le sel avait des propriétés uniques permettant de réduire les aérosols contaminants[13].
Cela signifie que les micro-gouttelettes que vous émettez par le nez et la bouche sont moins infectieuses après un nettoyage du nez et de la gorge à l’eau salée. Bref, vous avez moins de risques de contaminer les autres.
Cela fait beaucoup d’effets favorables… sans effet indésirable !
Et tous ces mécanismes font consensus. Si vous en doutez, je vous invite à lire la respectée Revue du praticien du mois d’avril 2021 : des médecins ORL du CHU de Nancy y écrivent tout cela noir sur blanc[14].
Oui, les études confirmaient tout cela, dès avant le Covid
Malgré tous ces bienfaits potentiels, l’irrigation nasale à l’eau salée a été peu étudiée avant 2020. Probablement parce que ce geste simple ne contribue pas au prestige de la recherche médicale de pointe.
Cela dit, les quelques études existantes confirmaient largement que c’était un geste plus que prometteur.
D’abord, plusieurs essais cliniques avaient confirmé l’intérêt de l’irrigation nasale contre le rhume des foins et les sinusites chroniques[15].
Mais il y avait aussi de belles preuves de son efficacité contre les infections aiguës[16].
Un des plus grands essais cliniques réalisés a abouti à un résultat assez spectaculaire[17].
Parmi 400 enfants de moins de 6 ans souffrant d’infection respiratoire (rhume ou grippe), ceux qui se sont nettoyés le nez à l’eau saline ont guéri plus vite et sont moins retombés malades dans les semaines qui ont suivi.
Notez que les enfants qui ont bénéficié de ce nettoyage ont aussi été trois fois moins nombreux à devoir prendre des antibiotiques.
Ils ont manqué deux fois moins de jours d’école et ont été quatre fois moins nombreux à souffrir de complications de leur infection[18].
Une étude suédoise, par ailleurs, avait confirmé que se nettoyer le nez à l’eau salée était également utile en prévention : grâce à ce simple geste, réalisé chaque jour pendant quelques mois, des jeunes militaires ont eu presque moitié moins de jours de rhume[19].
Mais l’étude la plus importante a été publiée en 2019, juste avant l’épidémie Covid[20].
Sur 60 participants écossais victimes d’une infection respiratoire des voies supérieures (gros rhume), la moitié s’est consciencieusement nettoyé le nez et la gorge à l’eau salée.
Résultat : ils ont été malades deux jours de moins que le groupe qui n’a rien fait. Et ils ont aussi moins contaminé les membres de leur foyer.
Un an après la publication de cette étude, le Covid est apparu.
Logiquement, les médecins chercheurs qui l’avaient conduite ont immédiatement appelé à généraliser ces deux gestes simples. Il faut dire qu’ils avaient pu vérifier dans leurs propres données qu’ils fonctionnaient très bien contre les coronavirus de l’hiver.
« Ces données suggèrent que l’irrigation nasale et les gargarismes pourraient avoir un rôle à jouer pour réduire les symptômes et la durée de la maladie du Covid-19 », concluaient-ils dans une publication médicale parue en mars 2020[21].
Et en effet, c’était presque une évidence.
Mais ils n’ont pas été entendus.
L’industrie avait des antiviraux et des vaccins à vendre.
Restez connecté, je vous montrerai la semaine prochaine à quel point cela a été une occasion manquée.
Xavier Bazin
17 réponses
Oui, le lavage du nez est une bonne pratique de prévention et de soins. Cependant, je trouve que vous êtes un peu top virus maniaque. Je vous invite à lire, si ce n’est pas déjà fait, le livre VIRUS MANIA, co écrit par le dr. Sam BAILEY et le regretté dr. SCOGLIO, ainsi que le livre « qu’est-ce qui nous rend réellement malades » par Dawn LESTER et David PARKER. Vous ne parlerez plus du virus comme cause de la maladie.
Bonjour quel sel utiliser
Très intéressant, article bien documenté avec les références.
Merci et au plaisir de vous lire.
merci pour votre etude sur l-eau salée. je me lave le nez tout les soir avec du serum phisiologique .eaux de mer.et actisoufre depuis avant le covite et je n’ai pas encore eu le covite ! vacciné sans grande conviction je pense que ce résultat est dû a l’eau salée en grande partie. merci pour vos conseils.
Depuis ma jeunesse j’ai eu une sinusite dite chronique. Je n’ai jamais supporté les lavements de nez à l’eau salée à cause de la douleur due à mes sinus. J’ai découvert il y a peu le produit respimer avec ses sachets de sel qui m’a permis de reprendre mes lavements de nez, ceci étant dit sans aucun conflit d’intérêt. Bonne journée.
Olivier Campistron
Bonjour très intéressée par vos conseils je vous remercie de m’en faire profiter Salutations distinguées.
Bonjour et merci pour votre lutte remarquable pour notre santé !
Bien sûr que vous avez raison depuis le départ !
Le mensonge court très vite mais la vérité fait son chemin et arrive toujours !
pascal
Vous avez raison de souligner l’importance de la qualité du sel. Je pratique ce lavage du nez depuis ma cure thermale à Amélie-les-Bains il y a bientôt quarante ans.
Comme j’ai un terrain allergique avec rhinite chronique, je m’en sers plusieurs fois par jour.
J’ai eu le temps de découvrir que les sels tout venant, surtout les sels fins, contribuaient à l’entretien d’une forme de congestion.
Le seul sel qui ne suscite pas cette réaction et dont je me sers exclusivement est le sel de l’Himalaya. Il contient toutefois des dépôts argileux oxydés qui lui donnent sa couleur. Il suffit d’opérer la dilution souhaitée puis de laisser reposer pour que ça se décante dans le fond du récipient.
Je ne sais si c’est une « superstition » mais, pour ma part, je verse une première eau ébouillante sur le sel avant de procéder à la dilution requise. Je me dis que ça « stérilise » (mais peut-être est-ce inutile) et que ça facilite la dissolution.
Pour empêcher les virus de pénétrer trop loin dans les fosses nasales, un truc assez efficace : enduire l’entrée des narines d’un corps gras (type pommade grasse, neutre si on peut, de votre choix) le matin pour la journée, et s’essuyer les narines le soir…puis recommencer le matin suivant.
Bonjour, quel sel utilisé pour le nettoyage du nez et quelle eau minérale ou de source, merci pour votre réponse,