Efficacité des pastilles de zinc contre les infections hivernales : pourquoi n’en parle-t-on pas plus ?

Cher(e) ami(e) de la Santé

Combien de fois l’avez-vous entendu ?

Il serait impossible d’aider à guérir un rhume (ou une « bonne crève », comme on dit familièrement).

Les médecins qui croient cela prescrivent uniquement des médicaments de « confort » pour soulager les symptômes (paracétamol, ibuprofène…).

Les pharmaciens proposent aussi des pastilles pour soulager la gorge ou des sprays contre le nez bouché. 

Globalement, il est à peu près interdit de dire qu’on peut aider à guérir un rhume.

Et pourtant…

Depuis 40 ans, les études scientifiques les plus fiables disent le contraire.

En réalité, il existe un remède à base de zinc qui peut réduire de moitié la durée des rhumes.

Je dis ça avec confiance, car cela a été prouvé dans une dizaine d’études randomisées contre placebo.

Et croyez-moi, c’est très rare qu’on dispose de preuves aussi convaincantes !

À ma connaissance, il n’y a qu’un seul autre remède qui a été aussi bien testé sur les rhumes.

Seule la vitamine C a aussi démontré un effet sur la durée1 et la gravité2 du rhume dans plusieurs essais cliniques bien conduits…

… mais faute d’avoir testé des mégadoses de vitamine C, l’effet démontré reste franchement modeste.

Pour les autres remèdes naturels, il existe malheureusement peu d’essais cliniques.

Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont inefficaces, je m’empresse de le préciser !

Personnellement, je suis convaincu de l’intérêt, contre les infections hivernales :

  • des sprays nasaux à base de Iota-carraghénane ou xylitol,
  • de la propolis (sous forme de spray, pastille et gélules),
  • de la quercétine,
  • des probiotiques,
  • du chlorure de magnésium, etc.

Mais cela n’a pas été prouvé de façon aussi claire et nette que pour le zinc et la vitamine C.

Pour le remède à base de zinc, l’effet est impressionnant.

Souvenez-vous de l’étude dont je vous ai parlé la semaine dernière, publiée en 1984 sous l’impulsion de George Eby3.

Ceux qui avaient sucé des comprimés de zinc ont été malades pendant seulement 4 jours… contre 11 jours pour ceux qui ont reçu le placebo ! 

Très vite, une confirmation est venue conforter cette première étude.

En 1987, la très respectée « Unité de recherche sur le rhume » du British Medical Research Council a mené son propre essai clinique et confirmé l’efficacité des pastilles de zinc4.

C’était la première fois en 30 ans que cette unité de recherche spécialisée sur les rhinovirus trouvait une substance qui réduisait nettement la durée d’un rhume !

Malheureusement, l’euphorie fut de courte durée.

Un tapis d’études ensevelit la géniale découverte

Entre 1987 et 1990, pas moins de 4 publications sont venues miner l’enthousiasme pour les pastilles de zinc.

Deux études américaines n’ont pas trouvé la moindre efficacité contre le rhume5.

C’était d’autant plus décevant qu’en apparence, elles avaient utilisé le même protocole que la première étude de George Eby : les participants avaient sucé 8 à 9 pastilles par jour de 23 milligrammes de gluconate de zinc.

Une étude australienne6 et une étude danoise7 ont enfoncé le clou, en concluant elles aussi à l’absence d’efficacité du zinc (en utilisant toutefois des doses plus faibles).

Tout semblait s’effondrer.

Les deux premières études positives n’étaient-elles que des coïncidences ?

Les pastilles de zinc n’étaient-elles qu’un mirage ?

George Eby, le « père » de ce traitement, commence à douter.

Heureusement, il croise sur sa route un Français : un chercheur au CNRS qui va changer le cours de cette histoire.

Sans lui, je ne serais pas en train de vous écrire cette lettre sur les bienfaits des pastilles de zinc.

Ce remède naturel aurait été remisé dans le grand placard des « traitements non prouvés », et donc ignorés de la plupart des gens.

En fait, il y avait un gros problème avec les comprimés de gluconate de zinc.

C’est qu’ils ont… très mauvais goût.

Et croyez-le ou non, c’est ce qui a tout fait dérailler :

En voulant donner un goût agréable aux pastilles, on en a détruit l’efficacité !

Tout a commencé, rappelons-le, lorsque la fille de George Eby a attrapé un rhume sévère. Ayant trop mal à la gorge, elle refuse d’avaler le comprimé de 50 mg de zinc que son père lui donne pour accompagner sa chimiothérapie.

Elle commence donc à mâcher le comprimé mais, épuisée, elle s’endort en le gardant dans la bouche pendant au moins une heure.

Un peu plus tard, elle est entièrement guérie de son rhume, ce qui est d’autant plus étonnant que son système immunitaire est malmené par son traitement anti-cancéreux.

Alors George Eby convainc ses proches et son médecin de famille d’essayer cette façon de prendre du zinc en cas de rhume. Puis, après avoir constaté son efficacité, ils décident de lancer le fameux essai clinique de 1984, avec l’aide d’un universitaire.

Problème : les comprimés de gluconate de zinc qu’ils ont utilisés étaient faits pour être avalés – et non sucés.

Résultat : plusieurs participants se sont plaints du très mauvais goût de ces comprimés, ainsi que d’irritations de la bouche et de distorsion du goût. Deux d’entre eux ont même vomi !

Il était donc logique d’essayer d’utiliser des formes de zinc plus agréables.

Et c’est ce qui a été fait dans les quatre études qui ont conclu à son inefficacité : on a ajouté de l’acide citrique, du sucre, des édulcorants, etc.

Il n’y a pas de raison de penser que c’était du « sabotage » volontaire organisé par Big Pharma.

Car il était vraiment difficile d’imaginer que cela pouvait supprimer l’efficacité du zinc.

Il fallait être un spécialiste de chimie pour le comprendre !

Et c’est là que notre héros français fait son entrée.

L’importance des ions du zinc qui se libèrent dans la bouche

Guy Berthon est un chercheur CNRS rattaché à l’époque au Laboratoire de Chimie Bioinorganique de Toulouse.

Or, la « chimie bioinorganique » s’intéresse aux interactions entre les éléments inorganiques (comme le zinc) et les systèmes biologiques » (comme la bouche).

Cette spécialité le conduira d’ailleurs à dénoncer les effets de l’aluminium (métal) sur notre santé : « en trouver dans l’eau du robinet est criminel », avait-il dit courageusement au journal Le Monde en 20108.

Mais au début des années 1980, il s’intéresse particulièrement au zinc.

C’est pourquoi George Eby a fait appel à lui pour mieux comprendre pourquoi certaines pastilles de zinc sont efficaces, et d’autres non.

« S’il n’était pas intervenu, mon travail serait mort, et je serais parti faire autre chose, déçu et désillusionné. Pire, un traitement efficace du rhume aurait été enterré et jamais ressuscité », écrira plus tard George Eby9.

Voici ce qui s’est passé.

Il s’avère que les pastilles de zinc fonctionnent seulement quand elles libèrent les ions du zinc dans la bouche.

Ces ions ont un goût un peu métallique et assèchent la bouche, mais c’est à eux que l’on doit l’efficacité du zinc contre le rhume.

Il faut dire que c’est dans la bouche et le nez (nasopharynx) que les virus se logent et se multiplient à grande vitesse.

Quand vous avalez du zinc, vous pouvez vous protéger contre les formes graves des infections hivernales, celles qui « tombent sur les bronches ou les poumons »10

… mais cela ne raccourcira pas la durée de votre rhume !

Pour être efficace contre le rhume, votre zinc doit agir localement. Et pour agir localement, il doit libérer ses ions dans la bouche.

Dès les années 1970, une étude publiée dans Nature avait montré que les ions du zinc inhibent la réplication des rhinovirus – lesquels sont responsables de la majorité des rhumes.

Cela a été confirmé par la suite : les ions du zinc empêchent les rhinovirus de s’attacher aux cellules, et donc de se multiplier11.

Le problème est que toutes les formes de zinc ne libèrent pas facilement leurs ions dans la bouche.

Seules les formes « instables » le permettent, comme le zinc gluconate, acétate et chlorure.

Les autres formes de zinc (citrate, glycinate, ororate, oxyde…) sont trop stables pour se désagréger dans la bouche et libérer leurs ions.

Ces formes-là sont tout à fait adaptées aux comprimés ou gélules à avaler – le bisglycinate est d’ailleurs l’un des zincs les mieux absorbés dans le sang

… mais pas aux pastilles à sucer en cas d’infection des voies aériennes supérieures !

Tout cela, George Eby l’a compris tout seul.

Mais il ne pouvait pas mesurer l’impact du procédé de fabrication et des additifs utilisés.

Là où le chercheur Guy Berthon a fait un apport majeur, c’est dans le calcul précis du nombre d’ions qui peuvent se libérer, pour chaque type de pastille :

  • Dans la bouche, à une température de 37 degrés ;
  • Au contact de la salive, à un PH de 7,4.

Ses calculs de chimie bioinorganique me dépassent totalement, évidemment…

… mais le résultat est là.

Ses travaux ont permis de montrer que des pastilles de gluconate ou d’acétate de zinc peuvent être totalement inactivées sous certaines conditions de fabrication : le nombre d’ions libérés dans la bouche peut être réduit à zéro.

Voilà pourquoi certaines études n’ont trouvé aucun effet du zinc contre le rhume !

Et voilà la clé qui nous livre la formule magique des pastilles de zinc qui fonctionnent !

Promis, je vous la livre la semaine prochaine, encore un peu de patience.

Restez connecté, et bonne santé,

Xavier Bazin

Sources

[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23440782/

[2] https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10712193/

[3] https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC185426/

[4] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3440773/

[5] https://journals.asm.org/doi/pdf/10.1128/aac.31.8.1183, https://journals.asm.org/doi/pdf/10.1128/aac.33.5.646

[6] https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC174915/

[7] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2192839/

[8] https://www.lemonde.fr/vous/article/2010/09/14/l-aluminium-empoisonne-notre-vie-quotidienne_1410990_3238.html

[9] https://zenodo.org/records/11546134

[10] https://www.xavier-bazin.fr/le-zinc-offre-une-protection-majeure-contre-les-pneumonies-a-condition-de-le-prendre-au-bon-moment-et-sous-la-bonne-forme/

[11] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18279051/

7 Commentaires

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7 Responses

  1. c’est vraiment très intéressant.
    peut-on se procurer ces pastilles de zinc gluconate, acetate et chlorure en pharmacie ?
    je vous remercie par avance pour votre retour.

  2. Bonjour,
    J’ai lancé google à la recherche de « pastilles à sucer de gluconate de zinc »
    le résultat est pauvre !
    cldt

  3. J’ai testé le zinc il y a 3 jours : j’avais fini par attraper une sorte de laryginte avec une toux seche qui me dechirait la gorge, malgré des doses de 1g de vitamine C quotidiennes et des huiles essentielles Ravintsara et Eucalyptus radié. Je n’etais pas bien du tout vendredi, le samedi j’ai pris 50mg de zinc le matin et 50mg le soir, avec de la tisane de fleurs de sureaux et 6g de vit C en 3 prises. je me sentais deja moins prise le soir. meme chose le dimanche, et le lundi c’etait deja presque fini. Et maintenant mercredi, ma toux est presque partie, alors qu’elle met d’habitude 2 semaines a partir

  4. Bon OK à la semaine prochaine mais j’ai le rhum aujourd’hui alors je vais faire comme d’habitude prendre mes huiles essentielles Ravintsara et origan compact à très bientôt et merci

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