Il y a plusieurs façons de se nettoyer le nez pour éloigner lesvirus : suivez le guide !

Cher(e) ami(e) de la Santé,

Pour identifier un coupable, on dit que la « reine des preuves » est l’aveu.

Mais quelle est la « reine des preuves » pour valider l’efficacité d’un remède ?

Réponse : un « grand ECR ».

Un ECR, c’est un essai randomisé contrôlé – c’est-à-dire un essai clinique où l’on sépare aléatoirement des patients en deux groupes : l’un qui teste le remède, et l’autre qui ne reçoit rien (ou un placebo).

Quand vous faites cela sur des milliers de patients, vous avez un « grand ECR »… et le résultat vous donne généralement la « reine des preuves ».

Le problème est que les grands ECR coûtent cher – jusqu’à des dizaines de millions d’euros.

Ce sont des montants que l’industrie pharmaceutique sort de sa poche dans un cas seulement : lorsqu’elle espère gagner au moins dix fois plus avec son nouveau traitement.

Or, pour les traitements naturels ou les vieux médicaments non brevetables, il n’y a aucun bénéfice financier possible.

Résultats : seuls les États ou les grandes Fondations peuvent être intéressés à les financer – ce qu’ils font rarement, hélas.

Il y a tout de même d’heureuses exceptions, çà et là. Sur la vitamine D par exemple, on dispose du fameux essai Vital, un ECR géant qui a réuni 26 000 participants. Un effectif impressionnant qui a permis de montrer l’impact majeur de cette vitamine contre le cancer1.

Sur la pratique de nettoyage du nez, nous avons eu une excellente surprise, tout récemment.

Figurez-vous qu’un essai clinique géant a été conduit entre 2020 et 2023 en Grande-Bretagne sur plus de 12 000 patients. Entièrement financé par des fonds publics, évidemment.

Les médecins-chercheurs qui l’ont organisé sont reconnus dans leur domaine2. Et les résultats de l’étude ont été publiés dans un journal à fort impact, The Lancet – Respiratory Medicine3.

Bref, tous les ingrédients ont été réunis pour mettre la communauté scientifique d’accord – ce qui rend ses résultats particulièrement importants.

Merci au Royaume-Uni d’avoir mobilisé des moyens aussi importants !

Dans cet essai clinique géant, les chercheurs ont confié à 332 médecins généralistes une mission précise. Pendant la saison hivernale, ces médecins de terrain devaient faire une recommandation nouvelle à leurs patients. Ou plus précisément, à ceux qui avaient un facteur de vulnérabilité (plus de 65 ans, surpoids…).

De façon aléatoire, ces patients ont donc reçu de leur médecin traitant l’une ou l’autre de ces recommandations : 

  • Utiliser un spray nasal « anti-viral » du commerce, dès les premiers signes d’une infection respiratoire ;
  • Utiliser un spray nasal contenant simplement une solution saline, dès les premiers signes d’une infection ;
  • Ou consulter un site Internet recensant les bonnes pratiques qui aident à se prémunir des infections (activité physique, sommeil, gestion du stress…)

Un quatrième groupe n’a reçu aucune recommandation particulière – c’est l’équivalent du groupe placebo, sachant qu’il est à peu près impossible de faire un « spray placebo ».

Au total, il y avait donc 4 groupes composés de près de 3 500 patients chacun. Et l’étude a été réalisée sur trois hivers successifs. Les moyens mis en œuvre étaient donc impressionnants !

Malgré tout, il y avait un risque sérieux que la montagne accouche d’une souris.

Le risque, c’était que beaucoup de patients ne « jouent pas le jeu ». Que les conseils de leur médecin entrent par une oreille et ressortent par l’autre. Et que les sprays offerts gratuitement soient oubliés dans le placard de leur salle de bain.

Et pourtant malgré ces écueils, les résultats sont – roulement de tambour – très positifs !

Les patients ayant reçu la recommandation d’utiliser un spray nasal ont été malades deux jours de moins en moyenne (6 jours plutôt que 8), par rapport au groupe qui n’a reçu aucune recommandation particulière.

Mieux : les sprays nasaux ont aussi réduit la gravité des infections hivernales. Les groupes qui les ont utilisés ont reçu 30 % d’antibiotiques en moins. Et ils ont été moins nombreux à être hospitalisés (20 % en moins).

Conclusion de l’organisateur en chef de l’étude, le très respecté Dr Paul Little :

« Compte tenu de ces résultats, notre recommandation, en particulier pour les personnes à risque accru d’infections ou sujettes à des infections récurrentes, est d’utiliser un spray nasal dès les premiers signes de toux, de maux de gorge, de rhume ou de symptômes grippaux, afin d’empêcher le développement complet de l’infection »4.

Et voilà, nous avons notre « reine des preuves » ! Cet essai clinique géant confirme parfaitement toutes les « petites preuves » accumulées depuis des années sur l’efficacité de l’irrigation nasale à l’eau salée.

D’autant que les résultats auraient été encore bien meilleurs si les participants avaient tous parfaitement joué le jeu :

« Notre analyse suggère que les bienfaits étaient encore plus importants lorsque les personnes utilisaient les sprays plus fréquemment — nous avions recommandé une utilisation six fois par jour dès les premiers signes de rhume — mais beaucoup de participants à l’étude ne les ont pas utilisés aussi souvent 5. »

Les maladies hivernales auraient donc duré encore moins longtemps si tous les patients avaient suivi les recommandations à la lettre !

Et sans doute pourrait-on faire encore mieux en utilisant aussi l’eau salée en prévention, et non pas seulement en traitement.

Avec toutes ces données en tête, voici la stratégie que je vous propose pour chaque saison hivernale.

Il y a quatre façons de se rincer le nez… et elles sont complémentaires !

Pour se nettoyer le nez à l’eau salée, il y a plusieurs possibilités selon le volume d’eau et de la pression utilisée :

  • Petit volume d’eau, faible pression : on insère simplement des gouttes d’eau salée dans le nez ;
  • Faible volume d’eau, forte pression : ce sont les sprays nasaux ;
  • Grand volume d’eau, faible pression : c’est le fameux neti pot, lota ou rhino-horn : à l’aide d’une poire, vous faites couler 200 à 300 ml d’eau salée à travers vos deux narines ;
  • Fort volume d’eau, forte pression : il s’agit d’appareils permettant d’envoyer davantage de pression dans les narines. Cela va du Naväge (à gauche) à des systèmes à embouts (Moever, à droite), en passant par de simples bouteilles avec des solutions salines prêtes à l’emploi (Neilmed, au milieu) :

Qu’est-ce qui est le plus efficace dans tout cela ?

Eh bien tout dépend de votre situation.

Les gouttes dans le nez sont particulièrement appropriées pour des enfants en bas âge. Un essai clinique contrôlé (ECR) récent a ainsi prouvé qu’elles fonctionnent très bien. Les enfants malades qui ont reçu une solution hypertonique, trois gouttes par narine, 4 fois par jour, ont été malades deux jours de moins que le groupe de contrôle6. Je trouve ces résultats particulièrement impressionnants pour de simples « gouttes dans le nez » !

Le neti pot (faible pression, gros volume) est à mon avis l’idéal pour les adultes, en prévention. C’est un peu moins pratique que les sprays nasaux, mais cela nettoie la cavité nasale avec plus d’efficacité7. C’est ce que je recommande à tout le monde, chaque soir, pendant la saison hivernale.

Les sprays nasaux à l’eau salée peuvent être utilisés en traitement, dès les premiers symptômes d’une infection. L’avantage est que vous pouvez facilement vous faire des « pschitts » 6 fois dans la journée, où que vous soyez (à la maison ou à l’extérieur).

Quant aux appareils de la quatrième catégorie (ceux qui envoient de grands volumes d’eau salée avec une forte pression), ce sont peut-être les plus efficaces, mais on manque d’études à leur sujet. Personnellement, je les réserverais aux cas de sinusites aiguës8 – car la forte pression a plus de chances de nettoyer les sinus que le neti pot.

Mais dites-moi, si l’eau salée fait autant de bien, ne pourrait-on pas obtenir des résultats encore meilleurs y ajoutant des molécules « antivirales » ?

La question à 1 000 euros : peut-on faire mieux que l’eau salée ?

Je rappelle qu’il y a deux grands types de solutions salines utilisées :

  • Les solutions isotoniques, à 0,9 % de sel, soit la même proportion que dans notre sang ;
  • Et les solutions hypertoniques à 2 %, 3 % voire 5 % ou même 7 % de sel.

Même si les solutions hypertoniques sont probablement un peu plus efficaces, je les réserverais au traitement d’une infection déclarée (3-4 % maximum, pour limiter les sensations de brûlure). En prévention, l’irrigation nasale avec une solution isotonique (0,9 %) me paraît amplement suffisante, surtout si vous avez des muqueuses fragiles.

Mais n’existe-t-il pas des molécules anti-virales naturelles qui pourraient être encore plus efficaces que les solutions isotoniques ?

C’est possible, mais ce n’est pas prouvé pour la plupart des sprays du commerce.

Dans le grand ECR britannique mentionné au début de cette lettre, un spray nasal « sophistiqué » n’a pas fait mieux que le spray nasal à l’eau saline isotonique9.

Je vous ai déjà expliqué la particularité de l’eau salée : elle ne se contente pas d’attaquer le virus qui pourrait se trouver dans votre nez. Elle améliore aussi la qualité de votre mucus nasal, qui est votre première protection contre les virus.

Si vous nettoyez votre nez avec une solution antivirale « agressive », vous allez peut-être tuer davantage de virus présents dans votre nez, mais vous risquez aussi de dégrader la qualité de votre mucus. Et il n’est pas certain que vous soyez gagnant.

De fait, sur le Covid-19, plusieurs études ont comparé l’efficacité des solutions salines face à un produit puissamment antiviral – la bétadine verte (ou povidone iodée) – et figurez-vous que les solutions salines se sont révélées au moins aussi efficaces, voire plus efficaces10 !

Et c’est une excellente nouvelle, car je peux vous garantir qu’il n’est pas agréable de se mettre de la povidone iodée dans le nez ! Surtout si l’on se trompe sur la dilution, comme cela peut arriver car il existe peu de produits « prêts à l’emploi ».

Cela dit, il existe d’autres solutions antivirales moins agressives, comme le thé vert, la propolis, ou encore une mystérieuse mais très efficace algue rouge.

Je vous en reparle la semaine prochaine – restez connecté !

Bonne santé,

Xavier Bazin

Sources

[1] Voir mon analyse complète de cet essai clinique ici : https://www.xavier-bazin.fr/parmi-les-manip-qui-masquent-lefficacite-de-la-vitamine-d-voici-la-plus-grosse-et-cest-le-cas-de-le-dire/

[2] https://www.southampton.ac.uk/news/2018/06/professor-little-cbe.page

[3] https://www.thelancet.com/journals/lanres/article/PIIS2213-2600(24)00140-1/fulltext

[4] https://www.healthprofessionalacademy.co.uk/news/study-finds-otc-nasal-sprays-could-stop-colds-and-flu-from-progressing

[5] https://www.nihr.ac.uk/news/nasal-sprays-reduce-symptoms-and-duration-colds-and-flu

[6] https://www.ersnet.org/news-releases/saline-nasal-drops-reduce-the-duration-of-the-common-cold-in-young-children-by-two-days/

[7] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18025315/

[8] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16172356/

[9] Le spray nasal était toutefois « tamponné », c’est-à-dire qu’il était un peu moins acide qu’une solution saline standard.

[10] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/lary.31761

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