La vitamine C peut-elle vous causer un calcul rénal ?

Cher(e) ami(e) de la Santé,

« L’idée que la vitamine C cause des calculs rénaux est le monstre du loch Ness de la médecine.

Tout le monde en a entendu parler, mais personne n’a jamais pu l’observer »1.

Il y a du vrai dans cette phrase d’Andrew Saul, un fervent défenseur de la vitamine C.

Mais ce n’est pas totalement exact.

Vous me connaissez : je ne suis pas de genre à « cacher la poussière sous le tapis ».

Je vous dirai toujours la vérité sur les risques éventuels des remèdes naturels.

Même si les risques sont rarissimes.

Même si le calcul « bénéfice-risque » est largement positif.

Souvenez-vous de ce que je vous ai écrit sur la vitamine D, elle aussi soupçonnée d’augmenter légèrement le risque de calcul rénal :

« Globalement, comme le dit le Pr Souberbielle, membre de l’Académie de médecine, on manque de preuves irréfutables sur ce point :

« Il n’y a pas d’étude qui démontre clairement que la vitamine D augmente le risque de calculs rénaux. Des études scientifiques vont même dans le sens contraire ».

Toutefois, je préfère toujours pécher par excès de prudence. Et quand je regarde de près l’étude VITAL, j’observe qu’il y a bien un peu plus de calculs rénaux dans le groupe vitamine D que dans le groupe placebo (non significatif statistiquement)2. »

Donc, s’agissant de la vitamine D, il est possible qu’il y ait un tout petit sur-risque de calcul rénal quand on en avale de bonnes doses sur une longue période.

Mais comme je vous l’écrivais, chacun peut ramener ce léger sur-risque à zéro avec une bonne alimentation et en évitant les compléments alimentaires de calcium.

Eh bien pour la vitamine C, c’est un peu la même chose, vous allez voir.

Mais d’abord, il faut bien comprendre une chose.

Sans cette histoire de calculs rénaux, les adversaires de la vitamine C seraient totalement démunis.

C’est bien le seul risque que Big Pharma peut se mettre sous la dent !

On l’a vu en détail la dernière fois : la vitamine C est une des substances les plus inoffensives qui soient.

Elle est plus sûre que l’eau – et de loin !

Car il existe des cas documentés où des gens sont morts d’avoir bu trop d’eau d’un coup3

… alors qu’il n’existe aucun cas de décès lié à un surdosage de vitamine C !

À ma connaissance, aucun centre antipoison n’a même jamais rapporté le moindre « accident » avec la vitamine C !

Bien sûr, tout le monde sait qu’à très hautes doses, la vitamine C peut causer des selles molles, voire une franche diarrhée – mais cela n’a aucune espèce de gravité.

On sait aussi qu’il existe une petite catégorie bien identifiée de patients qui doivent faire attention avec les mégadoses de vitamine C : ceux qui souffrent d’hémochromatose, ceux qui ont un déficit en G6PD et ceux qui vivent avec une maladie rénale4.

Mais en dehors de ces cas, la vitamine C ne pose pas le moindre problème sérieux !

Ce qui est un énorme caillou dans la chaussure de Big Pharma.

Car cette vitamine peut accomplir des miracles, notamment contre les maladies infectieuses.

Si les gens en prenaient les bonnes doses au bon moment, ce sont des dizaines de milliards d’euros de profits pharmaceutiques qui partiraient en fumée.

Donc, pour certains lobbies, tous les moyens sont bons pour vous décourager de prendre les doses adéquates de vitamine C.

Et la méthode la plus efficace, c’est de « faire peur » en grossissant ses risques réels ou imaginaires.

C’est ce qu’ils font avec tous les remèdes naturels salvateurs.

On l’a vu la dernière fois avec la vitamine D : au moindre pépin lié à un surdosage de vitamine D, cela fait la UNE des journaux (alors qu’il s’agit de cas rarissimes et toujours liés à des surdosages inouïs, sur plusieurs semaines).

Mais ces « accidents » là n’existent pas avec la vitamine C.

Souvenez-vous de ce cas étonnant, raconté par Linus Pauling lui-même : un patient cancéreux a avalé plus de 100 grammes par jour de vitamine C pendant près de 10 ans et n’en a obtenu que des effets bénéfiques… alors qu’il s’agit de plus de 1 000 fois la dose quotidienne recommandée5 !

Attention : comme je vous le précise à chaque fois, je ne dis pas qu’on peut prendre n’importe quelle dose pendant des années sans le moindre risque (je vous dirai quels sont les inconvénients possibles de mégadoses quotidiennes de vitamine C).

Mais une chose est sûre : il est quasiment impossible d’avoir un problème de santé sérieux avec la vitamine C.

À part, peut-être, les calculs rénaux.

Un peu plus d’oxalate avec la vitamine C, mais…

Le problème est simple à comprendre.

Quand on avale de la vitamine C, cela conduit notre corps à produire un peu d’oxalate6, une sorte d’acide que l’on trouve dans certains végétaux mais qui peut aussi être fabriqué par l’organisme.

Or, la grande majorité des calculs rénaux sont composés d’oxalate de calcium.

En théorie, donc, le petit surcroît d’oxalate lié à la vitamine C pourrait augmenter le risque de calcul rénal.

Vu comme ça, cela paraît simple – presque « mathématique ».

Mais en réalité, c’est beaucoup plus compliqué que ça !

Pendant la grossesse, par exemple, certaines femmes excrètent des quantités énormes d’oxalate de calcium, sans pour autant avoir un risque plus élevé de calcul rénal7. Preuve que la biologie humaine n’a rien de « mathématique ».

Certes, on recommande parfois aux « récidivistes » des calculs rénaux d’éviter d’abuser des aliments les plus riches en oxalate (épinards, patates douces, betteraves, figues sèches…). Mais c’est un conseil qui arrive en dernier de la liste !

En réalité, l’oxalate est un facteur de risque parmi beaucoup d’autres.

La priorité, pour éviter les calculs rénaux d’oxalate, c’est de bien s’hydrater tout au long de la journée, de ne pas consommer du sel en excès, d’éviter la « malbouffe » (sucre, sodas…), d’avoir une alimentation riche en fruits et légumes (pour le potassium) et d’avaler de bonnes quantités de magnésium.

Il existe aussi des astuces validées scientifiquement8 pour réduire encore davantage les risques de calcul rénal, comme de :

  • boire un jus de citron tous les jours (riche en citrate, une substance qui se lie au calcium et diminue ainsi le risque que ce calcium forme un calcul rénal en se liant à l’oxalate) ;
  • boire une eau minérale riche en bicarbonate (qui alcalinise les terrains acides) ;
  • consommer régulièrement du vinaigre de cidre (l’acide acétique qu’il contient aiderait à dissoudre les calculs rénaux).

Il est important, aussi, de ne pas manquer de vitamines du groupe B – en particulier les vitamines B19, B210 et B611, car des carences pourraient augmenter le risque de calcul rénal.

Globalement, il suffit d’avoir une bonne hygiène de vie et d’éviter les compléments alimentaires de calcium pour ne pas avoir de problème de calculs rénaux d’oxalate de calcium.

De toute façon, le raisonnement « plus de vitamine Cplus d’oxalate = plus de calculs rénaux » est simpliste.

Car il y a aussi d’autres mécanismes par lesquels la vitamine C pourrait réduire le risque de calcul rénal d’oxalate de calcium :

  • La vitamine C favorise certaines bonnes bactéries intestinales qui pourraient jouer un rôle dans la décomposition des calculs rénaux ;
  • Et la vitamine C pourrait même empêcher la liaison entre le calcium et l’oxalate (qui forme des calculs).

Bref, il ne suffit pas de dire que la vitamine C augmente un peu l’excrétion d’oxalate dans les urines pour prouver que cela augmente risque de calcul rénal.

Il faut pouvoir montrer que ça se produit dans les faits !

Alors, le monstre du loch Ness a-t-il été « observé », oui ou non ?

J’ai regardé attentivement les études épidémiologiques à ce sujet.

Il faut savoir que ces études ne sont pas parfaites. Même quand elles incluent des dizaines de milliers de personnes, il peut toujours y avoir des biais.

Mais voici leurs conclusions.

Chez les femmes n’ayant jamais eu de calcul rénal, aucun sur-risque de calcul rénal n’a jamais pu être observé chez celles qui prennent de la vitamine C en complément alimentaire.

C’est la conclusion d’une étude qui a suivi plus de 80 000 femmes pendant 14 ans.

Même parmi les femmes qui prenaient plus de 1 500 milligrammes de vitamine C par jour, on ne décèle pas de risque plus élevé de calcul rénal12.

Mêmes conclusions dans une étude qui a suivi plus de 150 000 femmes pendant 11 ans13.

Pour les hommes, toutefois, c’est un peu différent.

Trois études constatent un léger sur-risque de calcul rénal chez ceux qui ont avalé de la vitamine C en complément alimentaire sur longue période14.

Il est intéressant de savoir que ce risque apparaît dès la prise de petites quantités de vitamine C (250 mg par jour) et n’est pas franchement plus élevé avec des mégadoses quotidiennes.

Mais notez bien que ces études montrent aussi que le risque est diminué chez les hommes qui consomment de bonnes quantités de magnésium et de potassium15.

J’en déduis que la différence entre les hommes et les femmes est probablement liée à la qualité de leur alimentation.

Et qu’il suffit donc de manger correctement pour éviter le léger « sur-risque » de calcul rénal lié à la prise de vitamine C tous les jours.

L’expérience du Dr Labreze le confirme : lui qui conseille depuis 30 ans à ses patients d’avaler chaque jour plusieurs grammes de vitamine C n’a jamais constaté de calcul urinaire lié à cette supplémentation.

Bref, au vu des bienfaits considérables de la vitamine C, il est clair pour moi qu’il est bon d’en prendre tous les jours, toute sa vie – comme la vitamine D.

Et si le très léger sur-risque de calcul rénal peut vous conduire à améliorer encore votre alimentation, tant mieux !

Aucun problème avec les mégadoses ponctuelles (mais restez hydraté)

Par ailleurs, ces études ne sont pas du tout un argument contre les mégadoses ponctuelles de vitamine C contre un problème aigu (une infection, par exemple).

La principale précaution à prendre, c’est de bien rester hydraté toute la journée quand vous prenez ces mégadoses.

On sait que les urines du matin sont les plus concentrées, donc veillez bien à vous hydrater dès le matin en vous levant. Et si vous êtes à risque de calcul rénal, évitez de prendre de trop grandes quantités de vitamine C le soir avant de vous coucher.

Avec cette simple précaution, les mégadoses ponctuelles ne présentent aucun risque.

Le Dr Cathcart, qui a soigné des milliers patients avec des méga-mégadoses de vitamine C (jusqu’à 200 grammes par jour !!!), n’a jamais relevé le moindre problème de calcul rénal16.

Et c’est la même chose avec les perfusions intraveineuses de mégadoses de vitamine C.

Certes, il faut toujours faire très attention si on a les reins fragiles…

… mais regardez plutôt l’expérience de la clinique Riordan aux États-Unis, connue pour sa pratique des perfusions de vitamine C.

Les chercheurs de cette clinique ont suivi pendant 1 an le devenir de 157 patients qui ont bénéficié de perfusions de mégadoses de vitamine C…

… et aucun de ces patients n’a eu de calcul rénal.

Zéro. Alors que 12 d’entre eux en avaient déjà eu dans le passé17.

Voilà des informations, je pense, qui vous permettront de prendre votre vitamine C sans crainte !

Bonne santé,

Xavier Bazin

PS : pour être complet, sachez que le Dr Pierre Corson signale dans son livre que certains patients ont pu se plaindre de brûlures urinaires après avoir pris de la vitamine C18.

Pour lui, ces cas rares sont liés à une « anomalie pathologique du bas appareil » (polypose, ulcérations…). Ou alors, ils sont liés à des cas rares d’hypersensibilité à des urines un peu plus acides. Sachant que l’acide ascorbique peut effectivement acidifier légèrement les urines, il convient dans ce cas de prendre plutôt sa vitamine C sous forme d’ascorbate de sodium.

Sources

[1] https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=QXjrl5PKNgE

[2] https://www.xavier-bazin.fr/dangereuse-la-vitamine-d-mensonge/

[3] https://www.bbc.com/news/uk-scotland-66865719

[4] https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0085-2538(15)34609-3

[5] https://www.xavier-bazin.fr/les-vitamines-ont-beau-etre-puissantes-elles-sont-incroyablement-sures-et-peu-toxiques-et-cest-particulierement-vrai-pour-la-vitamine/

[6] Malgré une certaine controverse, la majorité des études ont constaté que la prise de vitamine C augmente bien le niveau d’oxalate dans les urines : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15987848/, https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12853784/

[7] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0085253815346093

[8] https://www.mdpi.com/2072-6643/15/4/877

[9] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27940189/

[10] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10214353/

[11] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10203369/. A noter que d’autres études n’ont pas trouvé de lien, voir la discussion ici https://www.nature.com/articles/s41585-023-00768-5

[12] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10203369/

[13] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26463139/

[14] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26463139/, https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15579526/, https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23381591/. Une étude menée sur 6 ans n’avait pas trouvé de sur-risque pour les hommes (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8618271/) mais une étude sur la même cohorte, sur 14 ans, a bien révélé un sur-risque.

[15] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15579526/

[16] https://www.youtube.com/watch?v=VyTDO3JG-WI&list=PLgtKw1QgfYrmca6rc_Q0OR4GUjU2Hopy6&index=13&pp=iAQB

[17] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5981254

[18] Pierre Corson, Notre ange gardien la vitamine C, Guy Tredaniel éditeur, 1995.

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