L’aspirine a beau être meilleure que ses « concurrents », il faut connaître ses défauts et bien la choisir

Cher(e) ami(e) de la Santé,

Quand on est obligé de recourir à un médicament contre la douleur, une fois de temps en temps, l’aspirine est à mon avis le meilleur choix.

Et si j’en crois vos réponses, vous êtes nombreux à être d’accord :

« Quand j’ai mal à la tête, je prends de l’aspirine. Le paracétamol ne me soulage pas. Et j’ai remarqué qu’en même temps, mes autres douleurs (arthrose) disparaissent. J’essaye de ne pas en prendre trop souvent. » Jacqueline

« J’utilise rarement l’aspirine 500 pour un mal de tête ou pour une grippe mais je vous l’accorde, c’est le meilleur des anti-inflammatoires antipyrétiques (mais attention à l’estomac, ça brûle)… Je déplore que le paracétamol soit prescrit larga manu par les médecins et utilisé sans précaution par quiconque alors que c’est un cache-misère dangereux qui peut avoir de graves conséquences. » Elisabeth

« En ce qui me concerne, j’ai toujours préféré l’aspirine au paracétamol et je ne comprends pas pourquoi, à l’heure actuelle, quand on consulte un médecin, quel qu’il soit, on a, sur son ordonnance plusieurs boîtes de paracétamol. J’ai 73 ans et ne prends pas d’aspirine au quotidien, mais il m’arrive d’en prendre en comprimé effervescent en cas de mal de tête ou d’autre douleur (env. 1 fois par mois). J’ai toujours trouvé l’aspirine plus efficace que le paracétamol. » Suzanne

Bien sûr, le mieux est d’abord d’essayer des méthodes naturelles (lire ma dernière lettre).

Mais si vous devez prendre de l’aspirine, il y a plusieurs choses à savoir.

Comme l’aspirine peut être « irritante » sur les muqueuses de l’estomac, il est important de la diluer dans une bonne quantité d’eau.

C’est pourquoi il faut éviter autant que possible les comprimés à avaler. Même chose pour les comprimés à croquer, d’autant qu’ils sont en général bourrés d’excipients douteux.

Pour bien diluer l’aspirine, il reste donc la poudre et les comprimés effervescents.

À mon avis, l’aspirine effervescente a trois petits avantages :

• Elle garantit une dilution parfaite de l’aspirine (avec de la poudre, il y a plus de risque de créer des « grumeaux », potentiellement plus irritants pour l’estomac) ;
• Elle est moins acide (car tamponnée par des sels alcalins comme le bicarbonate) ;
• Et elle a meilleur goût.

(Je précise qu’il existe aussi des comprimés d’aspirine « gastro-résistants », à avaler d’un coup. Leur particularité est de se dissoudre dans l’intestin plutôt que l’estomac, afin de limiter le risque d’ulcères dans l’estomac. Peut-être cela convient-il à certains mais je ne suis pas sûr qu’il soit anodin de déverser la totalité du comprimé d’aspirine dans un organe aussi sensible et important que l’intestin.)

Enfin, on conseille généralement de prendre l’aspirine en milieu ou en fin de repas, pour protéger l’estomac.

Mais ce n’est pas toujours faisable quand il s’agit de lutter contre un mal de tête.

Le plus important, c’est d’allier l’aspirine à la vitamine C !

Ce n’est pas pour rien qu’il existe de « l’aspirine vitamine C » !

Quantités d’études ont montré l’intérêt de la vitamine C pour protéger le système digestif des dégâts potentiels de l’aspirine¹.

C’est donc une bonne idée à mon avis que de prendre 1 gramme de vitamine C dès que vous prenez 500 milligrammes d’aspirine – ou au minimum une quantité égale (500 milligrammes pour 500 milligrammes).

Dans le commerce en France, il existe la fameuse « aspirine vitamine C » UPSA.

Mais elle a deux défauts.

D’abord, elle contient 200 milligrammes de vitamine C pour 330 milligrammes d’aspirine – ce qui est beaucoup mieux que rien, mais peut-être insuffisant².

Ensuite, l’UPSA contient du benzoate de sodium (E211), ce qui est pour moi incompréhensible.

Car le principal risque de cet additif est de créer du benzène, potentiellement cancérigène…

… or, le benzène a justement tendance à se former quand le benzoate de sodium est en contact – je vous le donne en mille – avec la vitamine C !

Alors, peut-être que les experts d’UPSA auraient des arguments rassurants à nous donner, mais j’ai quand même un gros doute.

Surtout que l’aspirine vitamine C de leur concurrent Bayer (indisponible en France pour donner un coup de pouce au labo français UPSA) ne contient pas de benzoate de sodium, ce qui montre bien qu’on peut faire une aspirine vitamine C sans cet additif douteux. 

Au total, mon conseil est donc plutôt de prendre une aspirine effervescente + de la vitamine C (en poudre, comprimé ou gélule).

Ah, et il y a une autre forme d’aspirine que je voudrais mentionner.

Le Cephyl, l’aspirine « homéo » que les autorités ont fait disparaître

Il s’agit du Céphyl, dont plusieurs lecteurs m’ont parlé, comme Marc :

« J’ai utilisé pendant des années la spécialité CEPHYL.

Il contenait pour chaque comprimé 330 mg d’aspirine et 5 autres composés homéopathiques.

Pour ma part un seul comprimé m’était aussi efficace que des comprimés plus fortement dosés (aspirine du Rhône 500 mg).

La disparition du CEPHYL est un scandale s’agissant d’un remède qui marchait.

Pourriez m’expliquer pourquoi cette disparition. Faut-il soupçonner les lobbies pharmaceutiques ? »

J’ai fait une petite recherche sur le Céphyl, et voici ce que je peux vous dire.

Le Céphyl contenait en effet 330 milligrammes d’aspirine, un peu de caféine (laquelle a en effet une action sur les maux de tête) et 5 produits homéopathiques³.

C’était un médicament très inhabituel et donc très mal vu par les autorités.

D’abord parce qu’il mélangeait allopathie et homéopathie… et ensuite parce qu’il contenait de la Belladone, que les autorités n’aiment pas voir en basse dilution.

Résultat : on nous a privés sans bonne raison d’un produit qui faisait la satisfaction de nombreux patients !

Cela dit, si ce produit était « miraculeux » pour vous, il reste une solution : vous pouvez toujours essayer de trouver un médecin pour vous le prescrire, puis une pharmacie qui accepte de vous le faire en préparation magistrale (comme la pharmacie des Archers à Épernay), sachant que le prix sera forcément assez élevé.

Et pour finir sur l’aspirine, je voudrais partager avec vous une précaution importante :

ÉVITEZ CECI si vous prenez de l’aspirine tous les jours

Comme je vous l’ait dit, les bienfaits de prendre l’aspirine à petite dose tous les jours sont discutables, même après un infarctus.

Vous aurez clairement moins de risque de crise cardiaque, mais un peu plus de risque d’hémorragie et de saignements graves – et après 70 ans, il n’est pas certain que le bénéfice-risque soit favorable.

On a pensé à un moment que l’aspirine quotidienne pouvait aussi réduire votre risque de cancer – en particulier le cancer colorectal – mais les dernières études sont beaucoup moins optimistes sur ce point⁴.

Bref, je déconseille l’aspirine quotidienne en automédication.

Cela dit, si vous en prenez sous prescription médicale, il ne faut surtout pas l’arrêter d’un coup (c’est dangereux !).

Ce que je vous invite à faire, en revanche, c’est d’éviter cette « nouvelle mode ».

Si votre médecin vous propose des antiacides (IPP) pour limiter les risques digestifs de l’aspirine, soyez vigilant.

Ce sont des cardiologues d’Oxford qui ont eu cette « brillante » idée : pour « compenser » le problème des saignements causés par l’aspirine quotidienne chez les personnes âgées, il faudrait prescrire en plus des IPP (mopral, inexium, inipomp…)⁵.

Mais comme je vous l’ai dit maintes fois, les IPP ont beau être un médicament potentiellement utile à très court terme (2 mois)…

… ce sont des substances catastrophiques quand elles sont prises au long cours !

Figurez-vous qu’on soupçonne les IPP d’augmenter le risque de crise cardiaque⁶ – ce qui est « cocasse » quand on pense que des médecins veulent en donner à des personnes qui prennent de l’aspirine pour éviter un nouvel infarctus !

Les IPP font aussi des dégâts aux reins⁷ et semblent même augmenter le risque d’Alzheimer chez les plus de 75 ans⁸.

Et pour couronner le tout, une étude publiée dans le British Medical Journal conclut que les IPP au long cours augmentent le risque de mourir de 50 %, par rapport aux autres anti-acides (anti-H2)⁹.

Au total, d’après les chercheurs, sur 500 personnes qui prennent des IPP, une mort est directement causée par ce médicament, chaque année !

« Étant donné que des millions de personnes prennent ce médicament, cela pourrait se traduire par des milliers de morts en excès chaque année », a déclaré l’auteur principal de l’étude¹⁰.

Et c’est ce médicament que certains cardiologues recommandent de prescrire à nos « seniors » qui prennent de l’aspirine quotidienne !

Bref, voilà encore un « piège » dans lequel il ne faut pas tomber.

Veillez plutôt à prendre de la vitamine C en même temps que votre aspirine. Il n’est pas sûr que cela vous protège entièrement des risques gastriques sur une longue période (on n’a pas d’étude pour l’affirmer), mais c’est forcément mieux que rien !

Bonne santé,

Xavier Bazin