Vitamine D et cancer : un scandale médical

Cher(e) ami(e) de la Santé,

J’ai toujours pensé que la vitamine D était utile contre le cancer.

Mais il a fallu la crise du Covid pour que je réalise l’ampleur insensée du scandale.

Nous pourrions peut-être avoir deux fois moins de morts du cancer si tout le monde atteignait un taux optimal de vitamine D.

Je vais vous expliquer comment j’en arrive à cette conclusion – et le rapport avec le Covid.

Mais je voudrais juste que vous réalisiez à quel point ce sujet est capital (et sensible) :

  • La vitamine D ne coûte quasiment rien ;
  • Il n’y a rien de plus facile que d’en prendre quelques gouttes tous les jours ;
  • Les effets indésirables sont rarissimes, toujours liés à un surdosage énorme, et facilement réversibles.

Donc si la vitamine D est bien anti-cancer, ne rien faire serait un crime contre la santé publique !

Prendre de la vitamine D est beaucoup plus simple, moins coûteux et moins risqué que d’autres interventions de « prévention » comme les mammographies systématiques…

… dont je rappelle qu’elles ne sauvent pas de vies, statistiquement, et conduisent de nombreuses femmes à subir des biopsies et chimios inutiles[1].

Et bien sûr, les mammographies ne concernent que les cancers du sein…

… alors que la vitamine D réduit la mortalité de tous les cancers – sans même parler ici de ses effets bénéfiques sur le cœur, le cerveau, les os, etc.

Est-il possible qu’on puisse passer à côté d’une solution aussi simple et salvatrice ?

Je vous laisse juge :

Deux frères, une petite révolution

Ce sont deux frères, tous deux médecins épidémiologistes, qui ont révolutionné notre compréhension de la vitamine D sur le cancer.

Il s’agit des frères Franck et Cédric Garland. À partir des années 1980, ils ont multiplié les découvertes étonnantes sur les effets bénéfiques du soleil :

  • Cela a commencé avec une étude sur le cancer du côlon : ils ont trouvé que l’on mourait moins de ce cancer dans les régions ensoleillées des États-Unis que dans les grandes villes et les régions du Nord-Est[2];
  • Puis, ils ont montré que le taux de cancer du sein était 3 fois plus élevé dans les régions du Nord de l’ex-URSS, par rapport aux régions du Sud[3]– et de même, aux États-Unis, on a d’autant moins de cancer du sein qu’on habite dans une région ensoleillée[4].
  • Les frères Garland montrent même que, dans l’armée américaine, le mélanome (cancer de la peau) frappe le plus les marins les moins exposés au soleil[5]!

Cette dernière étude était un vrai pavé dans la mare, car on attribuait généralement le mélanome à un excès de soleil.

Or nos deux frères ont trouvé que ce cancer frappe moins souvent les marins les plus exposés, ceux qui travaillent sur les ponts.

Et à l’inverse, on trouvait le plus de mélanomes chez… les sous-mariniers !

C’est-à-dire ceux qui voient rarement le soleil !

Comme le résume Cédric Garland, « des périodes brèves, mais régulières, d’exposition au soleil ont un effet protecteur, tandis que trop ou trop peu d’exposition augmente les risques de cancer de la peau »[6].

Donc, il faut bien sûr éviter les coups de soleil… mais il est important de s’exposer au soleil raisonnablement.

Or qui dit soleil régulier dit… vitamine D, bien sûr !

Alors les frères Garland ont voulu savoir s’il y avait un lien entre le niveau de vitamine D dans le sang et la sévérité des cancers du sein.

Boom ! C’était parfaitement le cas !

Parmi 4000 patientes atteintes de cancer du sein, celles qui avaient de meilleurs taux de vitamine D dans le sang avaient deux fois plus de chances de survie.

Dans cette étude-là, les femmes qui avaient plus de 30 ng/mL dans le sang de vitamine D mouraient deux fois moins du cancer du sein que les femmes ayant un taux inférieur à 17 ng/mL.

C’est d’autant plus spectaculaire que le seuil de 30 ng/mL est assez bas.

Tous les spécialistes indépendants de la vitamine D recommandent un taux minimal de 40 ng/mL, et si possible supérieur à 50 ng/mL.

Donc, on aurait sans doute des résultats encore plus spectaculaires si on étudiait des femmes ayant un taux optimal de vitamine D !

Et ce n’est pas qu’une hypothèse… cela a été effectivement testé !

Sur 5 000 femmes, dont 77 ont eu un diagnostic de cancer du sein, celles qui avaient un taux très élevé de vitamine D dans le sang (supérieur à 60 ng/mL) avaient 80 % de risques de moins d’avoir un cancer, par rapport aux femmes carencées (moins de 20 ng/mL) [7].

80 % de risques en moins, avec un bon taux de vitamine D !!

On le voit bien sur ce graphique : le nombre de cancers du sein (courbe noire) ne fait que diminuer à mesure que le taux de vitamine D dans le sang augmente !

Et il n’y a pas que le cancer du sein.

Tous les cancers sont concernés !

Je ne veux pas vous noyer sous les études, mais il faut savoir que les mêmes résultats ont été trouvés pour à peu près tous les cancers.

Cancer du poumon : chaque augmentation de 4 ng/L du taux de vitamine D dans le sang est associée à une réduction de 5% du risque de cancer du poumon[8].

Cancer de la vessie : une étude a confirmé que des taux bas de vitamine D dans le sang sont associés à un risque plus élevé de cancer de la vessie[9].

Cancer colo-rectal : par rapport à la moyenne, les femmes les plus carencées en vitamine D avaient 20 % de risque de cancer en plus… et les femmes bénéficiant d’un haut niveau de vitamine D avaient 20 % de cancer en moins[10].

Cancer du pancréas : Réduction de 30 % du risque de cancer pour ceux qui ont un taux supérieur à 20 ng/mL, par rapport à ceux qui ont un taux inférieur[11].

Et la vitamine D n’est pas seulement liée au risque d’avoir un cancer.

Le taux de vitamine D dans le sang impacte aussi les chances de survie en cas de cancer.

Par exemple, chez des patients atteints de mélanome, ceux qui avaient le plus faible taux de vitamine D dans le sang ont vécu nettement moins longtemps ceux qui avaient le taux le plus élevé[12].

Même résultat chez les patients atteints de cancer de la prostate[13].

Bref, il n’y a aucun doute sur ce fait : avoir de bons taux de vitamine D dans le sang est corrélé à de bien meilleurs résultats contre le cancer.

Mais mais mais…

Peut-on s’arrêter là, et conclure avec certitude qu’avaler de la vitamine D protège contre le cancer ?

Eh bien, au risque de vous décevoir… pas tout à fait.

Pas si vite ! Un signal très fort, mais…

Peut-on imaginer que les excellents résultats obtenus par les personnes qui ont un taux optimal de vitamine D ne soit pas liés à la vitamine D elle-même ?

La réponse « scientifique » est… oui, c’est possible.

D’abord, on ne peut pas totalement exclure un biais classique en épidémiologie : ceux qui ont le plus de vitamine D dans le sang sont peut-être tout simplement en meilleure santé, dès le départ.

Un cas, au moins, est avéré : les personnes obèses ont structurellement moins de vitamine D dans le sang, et ont besoin d’avaler davantage de vitamine D que les autres pour faire remonter leur taux sanguin.

Et puis, il y a aussi des raisons de penser que ceux qui s’exposent le plus au soleil sont en meilleure santé.

Ainsi, si on est grabataire (ou malade longue durée), on sort moins de chez soi, on reçoit moins de soleil… et on a moins de vitamine D dans le sang.

Mais ce biais-là est limité. Comme on l’a vu, même parmi des militaires en bonne santé, ceux qui s’exposent le plus au soleil ont moins de cancer que les autres.

Une objection plus intéressante serait que le soleil a bien d’autres bienfaits que la vitamine D.

Et si ce n’était pas la vitamine D qui était décisive contre le cancer, mais les autres bienfaits du soleil ?

Dans ce cas, le taux de vitamine D dans le sang refléterait « seulement » le niveau d’exposition au soleil : plus on s’expose au soleil, plus on produit de vitamine D.

Alors, le soleil a-t-il des bienfaits anticancers reconnus, en dehors de la vitamine D ?

Il n’y a pas de consensus clair sur le sujet. Mais il y a au moins deux voies par lesquelles le soleil pourrait en effet avoir un effet anticancer, indépendamment de la vitamine D.

D’abord, il est admis que le soleil est bon pour le cœur : il favorise notamment une baisse de la tension artérielle, via la libération d’oxyde nitrique, qui dilate les vaisseaux sanguins[14].

Est-ce que l’oxyde nitrique ainsi libéré pourrait avoir une action sur le cancer ? On n’a aucune certitude, mais c’est un sujet discuté dans la littérature scientifique. Donc c’est possible[15].

Deuxièmement, on sait que s’exposer au soleil le matin améliore la qualité du sommeil. Une des raisons étant que le soleil le matin régule la production de mélatonine le soir.

Or non seulement la mélatonine est extraordinairement importante pour la qualité du sommeil… mais elle semble aussi très importante contre le cancer !

On sait que les femmes qui travaillent la nuit (ce qui nuit à la production de mélatonine) ont plus de risques d’avoir un cancer du sein[16]. Et les chercheurs s’intéressent de plus en plus aux effets anti-cancer de la mélatonine[17].

Donc, au total, le vrai grand remède anti-cancer est peut-être davantage le soleil, avec tous ses bienfaits, que la seule vitamine D.

C’est possible, et c’est une excellente raison de s’exposer davantage au soleil, raisonnablement, sans crème solaire ! (c’est-à-dire à peu près l’inverse des recommandations officielles).

Mais je vous rassure : la vitamine D fait pleinement partie des effets anticancer du soleil – et cela fonctionne aussi si on l’avale sous forme de gouttes !

Je vous le démontre la semaine prochaine, restez connecté(e) !

Bonne santé,

Xavier Bazin

Sources

[1] J’ai recensé les études scientifiques en ce sens ici : https://www.sante-corps-esprit.com/des-mammographies-des-30-ans-on-marche-sur-la-tete/

[2] https://www.lanutrition.fr/bien-dans-sa-sante/les-complements-alimentaires/les-principaux-complements-alimentaires/les-complements-correcteurs-de-l-alimentation/la-vitamine-d/les-freres-garland-pionniers-du-cancer-et-de-la-vitamine-d

[3] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2084008/

[4] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/10350434/

[5] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2256710/

[6] https://www.lanutrition.fr/bien-dans-sa-sante/les-complements-alimentaires/les-principaux-complements-alimentaires/les-complements-correcteurs-de-l-alimentation/la-vitamine-d/les-freres-garland-pionniers-du-cancer-et-de-la-vitamine-d

[7] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29906273/

[8] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26358829/

[9] https://www.endocrine-abstracts.org/ea/0044/ea0044p129

[10] https://sci-hub.ru/https://doi.org/10.1093/jnci/djy087

[11] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3253914/

[12] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25437008/

[13] https://academic.oup.com/jnci/article/104/9/690/873606

[14] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022202X15368780https://academic.oup.com/eurheartj/article/31/9/1041/591567?login=false, https://karger.com/bpu/article/41/1-3/130/328295/Sunlight-Has-Cardiovascular-Benefits-Independently

[15] https://wjso.biomedcentral.com/articles/10.1186/1477-7819-11-118

[16] https://www.explorationpub.com/Journals/em/Article/100178

[17] https://www.nature.com/articles/s41419-021-04006-x

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35 réponses

  1. Tres interessant ,la societe du cancer recommande la vitamine D
    J’en ai toujours pris
    Merci

  2. Merci !
    J’avais lu que la dilatation des pupilles par la luminosité améliore la capture de la vitamine D par notre corps. C’est NN Taleb qui disait ça.

  3. Bonjour ,
    Probablement que la vitamine D ou l’exposition au soleil régulièrement participe a la protection contre l’apparition d’un cancer . D’ailleurs c’est dans les régions ensolleillées et viticoles que l’espérence de vie est la meilleure en France . Les inégalités devant la mort en France sont encore accentuées par des différences régionales de la mortalité . Il y a des facteurs environnementaux , climatiques qui pourrait expliquer ces disparités . Pour la mortalité a 55 ans , être cadre dans le nord est équivalent à être ouvrier spécialisé dans le Languedoc .Mais il y a bien d’autres facteurs épigénétiques qui interviennent dans l’apparition ou non d’un cancer . J’avais lu une étude suèdoise ( dont je dois retrouver la source ) qui démontrait sur plusieurs milliers de femmes , que la consommation de viande rouge , avait un impact sur l’apparition du cancer du sein , par rapport à celles qui en consommaient très peu , voir pas du tout . Que les femmes qui allaitaient leurs bébés , se protégeaient des cancers du sein par rapport a celles qui n’allaitaient pas . D’ou l’apparaition plus fréquente de cancers du sein , dans les classes sociales les plus favorisées . De femmes accédant à un statut social plus élévé qui refusent l’allaitement .
    http://surmedicalisation.fr/
    http://surmedicalisation.fr/?page_id=340
    Voir les colloques de Bobigny de 2012 à 2019 , sources de nombreuses informations

  4. bonjour merci pour les conseil j ai tout bien lu et bien compris désormais je suivrait tout vos courriers très intéressants pour notre santé et tout les bien fait que vous nous apporte j ai confiance en vous bien expliqué en vérité je vous remercie beaucoup bonne journée à vous

  5. Votre article est très intéressant, bien construit, bien argumenté, ouvert à la discussion. Celui ci me rallie particulièrement à vos idées. J’apprécie vos lettres qui m’aident à gérer ma santé avec plus de connaissances et de discernement. Merci.

  6. Je connais une autre personne tout autant curieuse et passionnée que vous. Je pense que vous devriez prendre contact avec lui pour discuter jeune/vitamine D car il est fort investi dans le bien être et la rigueur scientifique. C’est Ulrich Genisson (du site https://eatfat2befit.com/)

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