Tout, tout, vous saurez tout sur le mucus

Cher(e) ami(e) de la Santé,

Un bon mucus est un bouclier essentiel contre les grippes, bronchites ou rhumes.

Hélas, la médecine moderne l’a un peu oublié !

Ce n’est pas (seulement) moi qui le dis.

Voyez plutôt cette proclamation de médecins-chercheurs australiens :

« Malgré le grand nombre d’études soulignant le rôle essentiel des mucines dans la défense contre les maladies infectieuses, la barrière muqueuse est encore trop souvent négligée.

Elle est rarement reconnue comme un acteur dynamique et hautement réactif du système immunitaire »[1].

Mais savez-vous qui n’a jamais sous-estimé l’importance du mucus face aux infections ?

Les Allemands !

En tout cas, les nombreux Allemands qui pratiquent une médecine naturelle et traditionnelle !

Ils ont même inventé un mot à ce sujet.

Ce mot, c’est Atemwegspflege, que l’on peut traduire par « soins des voies respiratoires ».

Cela va de l’inhalation de vapeur d’eau salée jusqu’aux cures thermales, en passant par les « bains de forêt » et les sirops à base de lierre grimpant.

Un des objectifs principaux de l’Atemwegspflege est de maintenir un mucus sain et fonctionnel. Grâce notamment à :

  • L’inhalation de solutions salines avec un nébuliseur (rappelez-vous à quel point cette thérapie est clé pour fluidifier le mucus dans la mucoviscidose) ;
  • La spéléothérapie (ou halothérapie), très pratiquée en Allemagne, qui permet de respirer un air salin dans des grottes de sel ou des salles dédiées ;
  • L’utilisation de plantes et aliments visant à fluidifier ou hydrater le mucus : en particulier thym, plantain, ail et oignon, qui ont le grand avantage d’avoir aussi des effets antimicrobiens bien connus.

Les adeptes de l’Atemwegspflege savaient qu’un mucus de bonne qualité est une clé majeure pour se protéger des infections.

Et quand vous comprenez comment tout cela fonctionne, cela paraît évident.

Notre grande barrière contre les microbes !

Si je vous parle mucus, vous pensez sans doute à ce liquide visqueux qui sort de votre nez ou de votre gorge en cas de gros rhume.

Peut-être, mesdames, pensez-vous aussi à vos parties intimes.

En fait, vous avez du mucus partout où vous avez des… muqueuses, évidemment !

Donc, en plus des voies respiratoires, nous avons du mucus dans les yeux (oui oui !), dans l’œsophage, dans l’estomac, l’intestin, dans la vessie, dans l’urètre et, pour les femmes, dans le vagin et le col de l’utérus.

Et si nous avons tout ce mucus, c’est en grande partie pour nous protéger des microbes !

L’exception qui confirme la règle est l’estomac, qui n’a pas besoin d’aide contre les infections. Il est tellement acide qu’il tue sans problème à peu près tous les virus et bactéries. Le rôle du mucus est plutôt de protéger les parois de l’estomac contre cette acidité.

Dans l’intestin aussi, le mucus protège les parois des agressions de la bile, des enzymes digestives ou des aliments trop durs. Mais il a aussi un rôle essentiel de protection contre les bactéries pathogènes – pour les empêcher d’entrer dans les cellules intestinales.

Même quand il est très fin, comme dans l’œil ou dans la bouche, le mucus sert de barrière contre les microbes.

Il faut dire que le mucus a plusieurs armes à sa disposition.

La plus connue est sa viscosité, qu’il doit à des grandes protéines appelées « mucines ». C’est parce que le mucus est un peu gluant qu’il « piège » les virus et bactéries avant qu’ils ne puissent infecter les cellules.

Mais le mucus contient aussi des substances qui aident à se débarrasser des microbes !

Il contient de la lactoferrine, une précieuse substance qui empêche les bactéries de se multiplier en les privant de fer.

Le mucus contient aussi les fameux anticorps IgA qui forment « l’immunité mucosale » (ces anticorps ne tuent pas directement les virus et bactéries mais les empêchent de se fixer aux cellules et de se multiplier).

Il contient aussi des mini-antibiotiques naturels (peptides), du bicarbonate ainsi que… du zinc et du cuivre, dont on connaît l’importance contre les infections.

Cet arsenal chimique majeur est disponible en permanence dans le mucus !

Et quand des virus ou bactéries deviennent trop menaçants, des cellules immunitaires (macrophages et neutrophiles) sont appelées en renfort.

Ce sont d’ailleurs ces neutrophiles qui peuvent donner une couleur jaune ou verdâtre au mucus épais que vous recrachez en cas d’infection.

Bref, le mucus n’est pas seulement une barrière visqueuse qui se contenterait de jouer un rôle « d’attrape-mouche ».

C’est aussi un terrain de combat épique où des cellules immunitaires et molécules antimicrobiennes travaillent ensemble pour neutraliser et éliminer les envahisseurs.

Mais qui dit champ de bataille, dit nécessité d’évacuer les blessés.

Et dans nos voies respiratoires, c’est ce que fait une petite merveille de la nature :

Gare à vous si votre escalator est en panne !

À chaque fois que l’on respire, des intrus non désirés peuvent entrer dans notre corps – principalement des microbes et des poussières.

Le mucus du nez et des bronches est là pour les attraper avant qu’ils ne descendent dans les poumons et fassent de lourds dégâts.

Mais il ne suffit pas de piéger les intrus… il faut aussi les éliminer !

Et pour ça, il faut que ce mucus « remonte » depuis les bronches jusqu’à la gorge.

Heureusement, la nature a prévu un incroyable tapis roulant pour cela.

Voici comment cela fonctionne :

Le mucus des bronches remonte par la trachée (flèche bleue) puis arrive au fond de la gorge pour être soit :

  • Avalé, par déglutition (l’acidité de l’estomac dissout alors le mucus et les germes qu’il contient) ;
  • Recraché, via la toux – que l’on dit alors « grasse ».

Mais par quel miracle le mucus parvient-il à braver la gravité et remonter dans la trachée ?

Par le miracle de notre « tapis ciliaire ».

En fait, notre nez, notre trachée et nos bronches sont tapissés de cils minuscules, comme sur l’image ci-dessous :

Et c’est un mouvement ondulé de ces cils, comme des vagues, qui permet de faire remonter le mucus.

Les médecins l’appellent « l’escalator mucociliaire ».

Il fonctionne avec deux « couches » de mucus :

  • La première couche est le « liquide périciliaire », dans lequel baignent les cils.
  • Et la seconde couche est le mucus plus épais – celui que l’on connaît le mieux car on l’expulse par le nez et la bouche quand on est malade.

La première couche doit toujours rester très fluide pour permettre aux cils de battre la mesure pour faire remonter le mucus plus épais.

Notez que c’est bien cette couche-là qui est affectée par la mucoviscidose : faute de sel (chlorure de sodium), le liquide périciliaire est totalement asséché. Résultat : le mucus épais est directement posé sur les cils et les empêche de bouger correctement.

Mais tout le monde risque d’assécher son mucus fluide avec de mauvaises habitudes. En fumant comme un pompier, par exemple.

Ou en étant déshydraté… raison pour laquelle il faut bien boire pendant une infection : c’est le moment où votre escalator doit fonctionner de façon optimale.

Le mucus infectieux est un fardeau particulièrement difficile à remonter, car il tend à devenir plus abondant et plus épais. Et pour cause : il contient non seulement les bactéries et virus piégés mais aussi les cellules immunitaires venues en renfort.

Or, tout ce mélange doit être évacué rapidement, sinon il risque de stagner dans un « bouillon de culture » et de causer une surinfection dans les bronches ou les poumons.

Nos petits cils font tout ce qu’ils peuvent, mais ils ont du mal à suivre le rythme.

Heureusement, nous avons une sorte de « cavalerie » qui vient à leur rescousse.

Il s’agit de la toux !

En l’espace d’une seconde, elle fait remonter un paquet de glaires de plusieurs centimètres !

Voilà pourquoi il ne faut pas prendre d’antitussif en cas de toux grasse : il faut éviter d’interférer avec cette élimination naturelle !

Et bien sûr, il faut tout faire pour prendre soin de son mucus, tout au long de l’année.

Et donc, idéalement, pratiquer… l’Atemwegspflege !

Quand vous entendrez ce mot, j’espère que vous ne direz plus « à vos souhaits »…

… mais « bonne idée » !

Je vous en dis plus la semaine prochaine.

Bonne santé,

Xavier Bazin

Sources

[1] https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC9238349/

29 Commentaires

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29 réponses

  1. Merci beaucoup pour cette magnifique explication, j’ai 87 ans mais ça fait du bien de comprendre comment mon corps fonctionne. Merci.

  2. Bonjour Monsieur Xavier BAZIN,
    Excellent article que je vais transférer autour de moi et parfois très loin en AFRIQUE.
    J’y ai appris beaucoup.
    Très cordialement.
    Lionel DHORNE.

    1. Certes respirer c’est atmen, mais Atem c’est la respiration, donc le mot Atemwegpflege est le bon et, en définitive, ce qui compte c’est d’avoir compris de quoi il s’agit!

    2. Il s’agit bien de der Atem : (la respiration) qui entre dans la formation de ce mot composé Atem/weg/pflege et nom le verbe atmen.

  3. Très interessant vos informations sur les mucus. Vous nous parlez essentiellement des mucus respiratoires, les autres m’intéressent aussi 🙂
    Merci !!!

  4. Merci pour vos explications très concises. On a en effet tendance à oublier combien notre corps est complexe. Les Allemands font bien plus appel aux produits naturels alors que les Français préfèrent avaler un cachet (par paresse ?). En tout cas cela a remis l’église au milieu du village.
    J’ai toujours un pot de thym et de romarin sur ma terrasse et j’en fais des litres de tisane.
    encore merci.,

    1. Bonjour mde Brigitte
      pouvez vous me dire comment vous gardez votre thym sur votre terrasse
      le romarin aucun soucis mais le thym il sèche chez moi
      les pts doivent t il être troués en dessous
      Merci de vos infos , cela m’ aideras beaucoup

      Chantal

  5. Voici une explication qui est à la portée de ma compréhension et qui permet d’agir à bon escient. Merci

  6. Bonjour Monsieur Bazin
    Très bien expliqué comme a votre habitude, je vais faire passer à ma famille et amis car tout en connaissant l’importance du mucus nous n’en prenons pas soin !
    Grâce à votre article très pédagogique j’espère que nos mauvaises habitudes vont changer pour une meilleure santé et vous en remercie
    vivement.

  7. Explication très claire et très bien faite, bravo. Je me soigne beaucoup par les plantes, et mon ostéopathe, m’avait fait prendre
    du « MUCUS » en gélules depuis plus d’un mois de Thérascience , Physiomance, contre le ventre ballonné et pour absorption l’excès de gaz, qui me gênait terriblement, est-ce la même fonction ?
    Cela a été efficace, et m’a donné satisfaction

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