Vitamine C synthétique ou naturelle ? Mon point de vue sur ce débat ancien

Cher(e) ami(e) de la Santé,

Aujourd’hui, je voudrais aborder de front un sujet TRÈS sensible :

La vitamine C synthétique a-t-elle les mêmes effets que la vitamine C naturelle ?

C’est un sujet important, car vous êtes nombreux à m’avoir écrit que vous preniez de l’acérola en complément alimentaire.

L’acérola est une petite cerise d’Amérique du Sud bourrée de vitamine C. Les gélules, comprimés ou poudre d’acérola, offrent donc une forme naturelle de vitamine C… mais à un prix plus élevé que la vitamine C synthétique.

Est-ce que cela vaut la peine de payer plus cher pour avoir de la vitamine C naturelle ?

Je vais essayer de répondre à cette question.

Mais d’abord, je voudrais vous confier mon « serment d’humilité », qui guide ma démarche.

Je sais intimement que nous ne savons pas tout, aujourd’hui en 2024… loin de là.

Dans cinquante, cent ans ou deux cents ans, nos descendants rigoleront de l’ignorance dans laquelle nous étions encore en 2024.

Pensez qu’il y a seulement un siècle, la vitamine C était tout simplement… inconnue (elle n’a été isolée qu’en 1928).

Et je peux vous dire que dans les années 1920, nos ancêtres pensaient être à la pointe du progrès scientifique : ils avaient déjà l’avion, le cinéma, la radio et, dans le domaine médical, les rayons X (radiographie) et les débuts de l’électro-encéphalogramme.

Et pourtant, ils ignoraient à peu près tout de la vitamine C !

Gardons en tête la fameuse interpellation du grand naturopathe Robert Masson, « charlatan qui es-tu ? », qui commence par ces mots :

« Remontons dans le passé… Il y a quelques siècles des individus passionnés par la nutrition affirmaient la nécessité des aliments crus apportant des ÉLÉMENTS VITAUX. Ces éléments vitaux étant détruits par la cuisson.

Ils furent traités d’ignares et de charlatans.

De nos jours…

Aujourd’hui, ceux là-mêmes qui les traitèrent de charlatans nomment ces éléments vitaux VITAMINES^[1]. »

Tout cela pour vous dire qu’il n’y a rien de ridicule à préférer avaler de la vitamine C « naturelle ».

Peut-être découvrira-t-on dans 10, 50 ou 100 ans que la forme naturelle a des propriétés subtiles, que nous sommes incapables de déceler aujourd’hui.

Mais ce que je peux vous dire, sur la vitamine C, c’est qu’en l’état actuel des connaissances scientifiques…

… il n’y a aucune différence entre la vitamine C naturelle et la vitamine C synthétique.

Identique chimiquement et tout aussi bien absorbée par notre corps

Chimiquement, c’est strictement la même molécule.

Qu’elle soit naturelle ou synthétique, la structure chimique de votre vitamine C sera celle-ci :

Encore une fois, je suis conscient que la chimie ne nous dit pas forcément « tout » des effets d’une substance sur la santé (pensez à l’homéopathie).

Je dis simplement que sur le plan chimique, les deux formes de vitamine sont identiques.

D’ailleurs, l’un des plus ardents défenseurs de la vitamine C, le grand Linus Pauling, était prix Nobel de chimie… et les 3 grammes qu’il avalait tous les jours étaient de la vitamine C synthétique.

En revanche, il est exact que les micro-nutriments ont souvent des synergies entre eux.

Ainsi, il est probable que la vitamine C prise dans les aliments apporte de plus grands bienfaits qu’une gélule de vitamine C seule… parce qu’elle a des interactions bénéfiques avec d’autres vitamines, minéraux et flavonoïdes.

Par exemple, un de mes héros de la médecine, le Dr Paul Marik, a publié un article montrant que la vitamine C et la quercétine (un flavonoïde) agissent en synergie contre les virus.

Or, dans une pomme par exemple, il y a à la fois de la vitamine C (un peu)… et de la quercétine (dans la peau).

Et figurez-vous qu’il y a aussi un peu de quercétine dans… l’acérola ! L’acérola contient aussi d’autres flavonoïdes intéressants (et probablement synergiques) comme la rutine.

Là réside peut-être l’intérêt de prendre de l’acérola par rapport à la vitamine C synthétique.

Cela dit, rien ne vous empêche d’avaler votre vitamine C synthétique avec un repas riche en flavonoïdes.

Dans l’idéal, de toute façon, il faut avaler un maximum de micro-nutriments de façon naturelle, c’est-à-dire via l’alimentation, notamment pour profiter de leurs synergies.

En revanche, contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là, il ne semble pas y avoir d’effet synergique entre la vitamine C et les flavonoïdes s’agissant de l’absorption de la vitamine C.

Pour le dire clairement, la vitamine C synthétique apparaît tout aussi bien absorbée que la vitamine C naturelle avec flavonoïdes.

Si vous avez un doute, allez regarder cette étude néo-zélandaise publiée en 2013^[2].

Les chercheurs ont demandé à 36 hommes jeunes, pendant 6 semaines, d’avaler tous les jours :

• Soit 50 milligrammes de vitamine C de synthèse ;
• Soit un demi-kiwi, contenant l’équivalent de 50 mg de vitamine C naturelle (avec en plus, les flavonoïdes et autres micro-nutriments du kiwi).

Résultat ? Il n’y a pas eu de différence d’absorption^[3].

Regardez l’évolution de leur taux de vitamine C dans le sang, au fil des semaines :

Comme vous le voyez, il n’y a pas de différence majeure entre la vitamine C synthétique (points noirs) et la vitamine C du kiwi (points blancs).

(Si vous vous posez la question, sachez que la baisse du taux de vitamine C dans le sang les 5 premières semaines s’explique par le fait que les participants devaient privilégier des aliments pauvres en vitamine C au début de l’étude, afin de mieux mettre en valeur par la suite les effets de la supplémentation en vitamine C.)

Les chercheurs n’ont pas trouvé non plus de différence de quantité de vitamine C dans les urines, dans les tissus musculaires ou dans les globules blancs.

Bref, la vitamine de synthèse a été tout aussi bien absorbée que la vitamine C du kiwi.

Cela dit, on ne peut pas être certain pour autant que les effets sur la santé de ces deux formes de vitamine sont strictement identiques.

On peut le supposer, bien sûr, mais ce n’est pas sûr.

Il n’y a donc rien d’irrationnel à prendre des compléments alimentaires d’acérola, tant qu’on a le budget pour le faire.

Mais si vous optez pour la vitamine C naturelle, voici ce vous devez absolument savoir :

Plus chère, parfois sucrée et contenant des additifs problématiques : attention à bien choisir votre vitamine C naturelle si vous préférez cette forme-là !

La vitamine C naturelle est nettement plus chère que la vitamine C de synthèse.

Prenez l’exemple d’un laboratoire honnête et de qualité, Nutrixeal.

Ce laboratoire permet de comparer facilement les prix, car ils vendent de la vitamine C synthétique, de la vitamine C liposomale et de la vitamine C naturelle (acérola).

Pour comparer des choses comparables, j’ai choisi à chaque fois la vitamine C en poudre (car les gélules coûtent plus cher que la poudre).

Un autre piège à éviter, c’est de prendre le poids total de l’acérola en imaginant qu’il contiendrait 100 % de vitamine C.

En réalité, l’acérola 1 000, par exemple, contient non pas 1 000 mg de vitamine C mais 150 à 170 milligrammes seulement, sachant que cela dépend des marques (il faut bien lire les étiquettes).

Verdict : pour 1 gramme de vitamine C :

• leur vitamine C de synthèse « de base » (acide ascorbique) coûte 7 à 8 centimes ;
• leur vitamine C de synthèse liposomale coûte 65 centimes (mieux absorbée et plus douce pour l’intestin) ;
• leur vitamine C naturelle acérola bio coûte 1,15 euros.

Donc, la vitamine C naturelle coûte environ 15 fois plus cher que la vitamine C de synthèse « de base » (acide ascorbique).

C’est logique : fabriquer de la vitamine C en laboratoire ne coûte presque rien.

À l’inverse, la vitamine C naturelle issue de l’acérola étant extraite d’un fruit exotique, il faut le cultiver, l’importer, le transformer, etc., et cela a un coût.

(Je ne parle pas ici de la vitamine C de synthèse liposomale, j’y reviendrai dans une prochaine lettre).

Choisir de la vitamine C naturelle est donc un choix plus coûteux, à prendre en connaissance de cause.

De plus, si vous optez pour les comprimés à croquer de vitamine C à base d’acérola, il faut faire très attention aux étiquettes.

Je m’y suis intéressé pour mes enfants, car il est beaucoup plus facile de leur donner de la vitamine C en comprimé qu’en gélule ou en poudre.

Problème, la plupart des marques – même bio – contiennent des additifs problématiques, comme le talc !

Les seules vitamine C naturelles acérola bio en comprimé que j’ai trouvées sans additif problématique contiennent du sucre.

Ce sont donc des sortes de bonbons à la vitamine C, qui coûtent généralement nettement plus cher que la poudre (à l’exception de Nat&Form, étonnamment à 14,5 euros les 100 comprimés, soit 85 centimes le gramme de vitamine C naturelle).

En vitamine C de synthèse, vous trouvez des comprimés sans sucre, mais ils contiennent des édulcorants controversés, ce qui est encore pire (évitez le très connu Vitascorbol qui contient de l’aspartame ; évitez UPSA, qui contient du sucralose ; évitez Juvamine, qui contient de la saccharine…).

Je ne prétends pas avoir fait une étude de marché exhaustive, donc dites-moi en commentaire s’il y a des marques de qualité que je n’ai pas vues.

Je précise aussi – mais je pense que vous le savez – que je ne touche aucun centime d’aucune de toutes ces marques .

Je vous préciserai plus tard quelle dose de vitamine C je recommande d’avaler tous les jours – je suis encore en train d’enquêter et n’ai pas encore la réponse finale à cette question.

En attendant, et quoi qu’il arrive, la première étape est d’avoir une alimentation riche en vitamine C !

Je vous remets donc cet excellent tableau issu du site Lanutrition.fr

Aliments	Teneur en vitamine C pour 100g	Portion en g	Teneur en vit. C pour la portion
Goyave crue	228 mg	1 fruit (90 g)	205,2 mg
Poivron jaune cru	184 mg	1/2 poivron (60 g)	110,4 mg
Kiwi	92,7 mg	2 kiwis (200 g)	185,4 mg
Litchi	71,5 mg	5 litchis (80 g)	57,2 mg
Fraise	67 mg	150 g	100,5 mg
Papaye	62 mg	1/2 papaye (150 g)	93 mg
Pamplemousse	61 mg	1/2 pamplemousse (200 g)	122 mg
Pois mange-tout	60 mg	150 g	90 mg
Chou rouge	58 mg	150 g	87 mg
Orange	57 mg	1 orange (200 g)	114 mg
Chou-fleur cru	57 mg	150 g	85,5 mg

L’avantage de ce tableau est qu’il vous donne la teneur en vitamine C par portion (colonne de droite).

En effet, certains aliments contiennent énormément de vitamine C pour 100 g (comme le persil) mais les portions que l’on peut avaler en pratique sont faibles.

De même, il est plus utile de savoir qu’un citron moyen contient 75 mg de vitamine C que de savoir que 100 grammes de citron contiennent 125 mg de vitamine C.

Bref, comme vous le voyez, il faut manger des crucifères l’hiver, des poivrons crus l’été en salade, et des agrumes à peu près toute l’année ! Ainsi que du cassis et des fraises quand c’est possible !

Bonne santé,

Xavier Bazin